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365 chroniques ridées depuis un bol de thé amer
12 novembre 2007

Thé CCCXVI

Toc !
        Toc !
                    Toc !
On frappe à la vitre de la cuisine.
                                                            On ?
Ça frappe à la vitre de la cuisine.
                                                            J’ouvre.

Le vent glacé.

Enfin glacé !
Attendons décembre !

Le vent froid qui soulève de petits pots de plastique noir et qui les entraîne dans une spirale tantôt ascendante, tantôt descendante.
Je les avais rangés sous la remise, il est allé fouiner là-dessous et les a harponnés pour jouer.

C’est beau !

C’est la beauté qui frappe à la vitre !

Les feuilles restent immobiles, spectatrices du ballet aérien.
Les pots entreprennent l’escalade du mur.
Le vent profite de l’ouverture de la fenêtre pour visiter la cuisine.

— Entre bonhomme ! Sers-toi !

Rien ne l’intéresse. Il visite rapidement tous les coins, emporte une bille de polystyrène épargnée par le grand ménage du week-end, la relâche, l’oublie sous  le radiateur.

— Veux-tu t’arrêter, déjeuner, une tartine ?

Il joue autour des bols, ne les soulève pas, s’empare de l’étiquette qui pend au bout de la ficelle du sachet et tente de lui donner la force de décoller.
Comme une hélice lancée à cinq mille tours par minute, le petit carré de papier tend le cordage qui le retient au lourd sachet gorgé de feuilles de thé. La machine s’essouffle, le carré de papier retombe, épuisé.
Ce n’est pas aujourd’hui qu’il prendra l’air, le thé !

Ne trouvant rien à son goût, le vent retourne à ses spirales ascensionnelles.
Le petit pot de plastique, arraché à son inertie, reprend de l’altitude.
Il frotte le crépi dans un gémissement à peine audible qui suscite une réaction des feuilles, passives jusqu’à présent.

Toutes réunies là, comme autant de congères végétales, elles entrent dans la ronde. Le vent, se réjouit de ses nouvelles compagnes et  il veut me les présenter.
Le temps que je devine les conséquences, elles sont toutes entrées. Le thé les intrigue.

Je ferme la fenêtre.

Je n’aurais pas dû.

Privées de leur moteur, les feuilles chutent là où il les a abandonnées.

— Comme il fait froid, à la cuisine ! Mais... qu’as tu fait ? Regarde la table !
— Oh ! Epouse-En-Retard, c’était si délicieux. La beauté a frappé à la fenêtre. J’ai ouvert !
— ...
— Bien ! Maintenant ! Sans vent ! Évidemment ! Veux-tu partager le spectacle ? J’ouvre de nouveau.
— C’est gentil, mais je reste classique dans mes options ménagères. Tu te souviens de l’emplacement de la pelle à poussières ?
— Et comment, c’est moi qui ai planté le clou auquel elle s’attache !

                Une feuille, une seule a trouvé la chemin de mon bol.
                Une feuille de bouleau.
                Jaune d’or !
                Un thé au bouleau et j’y pars de ce pas !

— Pas avant  d’avoir rendu à la cuisine son aspect dominical !

La prochaine fois que la beauté frappe à la fenêtre, je sors et je me mêle à la spirale.


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Commentaires
V
Si vous le meritiez, vous en auriez, des commentaires acides. Vous ne nous en avez jamais laissé l'occasion!
T
Ben voyons ..<br /> Et qui nous offrirait notre thé du matin ????<br /> Et ... merci pour ce merci si joliment dit ;-)<br /> Bonne nuit
T
Il me semble que votre ligne peut supporter quelques excés.... ;-)
P
Ces commentaires déposés à ma porte, je dois attendre le soir pour les ouvrir un à un.<br /> <br /> Ce sont autant de chocolats fins dont j'ôte les papillotes avec lenteur ; je les laisse fondre dans la bouche.<br /> <br /> Manger du chocolat à la tombée de la nuit est-ce si bon pour la ligne ?<br /> <br /> Vous devriez, de temps en temps, essayer d'un glisser un fourré, sinon à l'arsenic, du moins à l'acide prussique.
O
Invités à une telle table, le vent et la beauté ne pouvaient refuser l'invitation. Superbe!
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