Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
365 chroniques ridées depuis un bol de thé amer
27 septembre 2007

Thé CCLXX

Epouse-Nomade devait rentrer tard hier soir.
            Pas d’heure précise.
                        Tard !

Une intuition m’a pris.
Comme il pluvinait serré, je suis allé ouvrir le portail, puis la porte — les portes !  — du garage.
Le deuxième vantail achevait-il à peine sa course qu’Epouse-De-Retour s’engouffrait dans l’allée.

Je fus si content d’avoir anticipé au plus juste que je regrettai aussitôt qu’on ne fût pas le matin. J’aurais pu me recoucher dans la foulée, assuré que plus rien de meilleur ne pourrait m’advenir de la journée.

Manque de chance, mon bonheur tombait aux dernières heures.

— “Tu pleures ?
— Non, c’est la pluie qui ruisselle sur mon visage hâve. Je suis si réjoui de t’avoir épargné la contrariété de sortir du véhicule pour ouvrir le portail...
— N’empêche, on jurerait des larmes. Fais-moi goûter !
— Le vent est orienté à l’ouest. Si tu sens le sel, c’est que les embruns auront poussé jusqu’au jardinet.”

Je suis quand même allé me coucher, mais sans gloire, les poules avaient gagné leur nichoir depuis longtemps.

       Je donne l’impression de fuir mon travail.
       N’en croyez rien.
       Depuis l’âge de dix-huit ans, j’exerce la même profession.
       Je suis comme le pêcheur, immobile sous son saule,
       c’est l’eau de la rivière qui se renouvelle à l’infini.

Reste que, même si je me lève désormais le premier, je mesure, chaque jour, que le temps nous est compté et que l’envie me tenaille de boitiller ailleurs voir si l’herbe n’y serait pas plus verte.

Frêle Monsieur Seguin, dont toutes les chèvres ont quitté le petit enclos et gambadent en ce moment dans les herbes folles, là-haut, avec toutes les vicissitudes que comportent pareilles aventures, je sens aussi fourmiller dans ma jambe de bois un regain de sève.

L’enclos, je l’ai ouvert moi-même aux petites chevrettes. Je crois avoir aiguisé les cornes et limé les sabots, donné des leçons de self-défense, armé l’esprit critique et encouragé la combativité.

Les loups restent dangereux, nombreux. Ils jaugent l’animal et attendent leur heure. Monsieur Seguin pourrait encore monter au créneau s’il le fallait. Du moins le croit-il !


Epouse-Nomade devait rentrer tard hier soir.
            Pas d’heure précise.
                    Tard !

Une intuition m’a pris.
Comme il pluvinait serré, je suis allé ouvrir le portail, puis la porte — les portes !  — du garage.
Le deuxième vantail achevait-il à peine sa course qu’Epouse-De-Retour s’engouffrait dans l’allée.

— Waooooh ! tu as vu la synchronisation ? Raconte-moi ta journée ! J'ai fait chauffer la bouilloire.

Je crois bien qu’elle n’y a vu que du feu. D’ailleurs, dans la cheminée flambaient les belles bûches fendues au printemps.

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Merci pour ce joli texte. Mes petites chèvres brouttent aussi pas très loin. L'une d'elle a décidé de revenir au bercail. Elle a rencontré un loup et a eu très peur, en l'occurence il vivait juste le bois d'en dessous. Alors elle a du quitter la prairie du dessus pour fuir ses agressions et revenir vers maman Seguin. <br /> Mais attention, Mr Seguin serait-il assez fort pour déjouer l'attaque d'une belle louve ? ;o)
S
Moi, j'ai relu ce conte pour les besoins de mon travail : j'ai vu en Mr Seguin une peur de la solitude, enfermer pour ne pas finir seul...<br /> Les ailes brulés le papillon meurt, mangé par un 'loup' l'être humain en va de même... Ce fichu conte me colle le bourdon, avec trop ou pas assez d'amour, on se prend à rêver de liberté et on finit comme Icare : à croire que c'est le rêve qui est dangereux. Après tout la réalité est ce qu'elle est, elle nous rattrape toujours...
S
Tien mon commentaire est encore passé à la trappe;-((
L
ça chatouille dans mon ventre et ça coince dans la gorge...<br /> <br /> <br /> N.B: Merci pour la tasse! <br /> ;)
C
Malin ça, maintenant, j'ai (encore) le nez qui pique et les yeux qui brûlent !
365 chroniques ridées depuis un bol de thé amer
Publicité
Archives
Derniers commentaires
365 chroniques ridées depuis un bol de thé amer
Publicité