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365 chroniques ridées depuis un bol de thé amer
26 novembre 2007

Thé CCCXXX

Transi.
            Engourdi.
                            Ankylosé.

                                                        Mais...
                                                                            fier.

    J’avais promis d’enquêter sur un sujet pertinent.
    Dimanche.

    Dimanche aux premières heures, j’ai pris mon poste sur le petit banc de pierre.
    Le bouleau du voisin avait conservé suffisamment de feuilles pour que je mène mon enquête.

                                                         Mitaines.
                                                       Thermos de thé au citron.
                                                      Papier quadrillé.
                                                    Crayon de bois.
                                                 Canif (pour tailler le crayon de bois).
                                              Pèlerine.
                                           Casquette, non ! bonnet de laine, pour couvrir les oreilles.

Le jour se lève.
Je suis prêt.


“Je me demande bien pourquoi les feuilles tombent en majorité à l'envers ?”

D’abord définir l’endroit et l’envers de la feuille. Qu’on soit clairs là-dessus.
L’endroit sera la partie de la feuille tournée vers le haut, l’envers sera donc la partie de la feuille tournée vers le sol.
Les nervures de la feuille sont donc en relief sur ce qu’il sera convenu d’appeler l’envers.

Je suis prêt.
                        Feuilles, vous pouvez tomber !

137 face contre le sol.
142 envers contre le sol.

On est loin de la majorité espérée. Un tel résultat s’apparente plutôt au hasard.

Une bonne chaude rasade de thé et je reprends une nouvelle feuille —  de papier — quadrillée.

178 face contre le sol.
156 envers contre le sol.

Qui pourrait tirer des conclusions de ces chiffres ?

On fait la belle ?
Nouvelle rasade de boisson tiède.

95 face contre le sol.
97 envers contre le sol.

        Je tremble comme une feuille. Ah ! Ah !
        Si je me relève immédiatement, mes jambes engourdies ne me porteront pas.
        Vais-je tomber  face contre le sol ou sur le dos ?

Je lance des S.O.S. silencieux qui franchissent l’épaisseur des murs.
Epouse-Inquiète les décode et se précipite à mon secours. Appuyé sur son épaule — j’ai des fourmis dans les jambes — je capitule et m’en vais quérir un peu de chaleur auprès du foyer de la cheminée qui rougeoie comme en hiver.

Bilan : Les feuilles tombent indistinctement d’un côté ou de l’autre.

Et c’est fini ?
                        Non !

                                            Car...

Je me suis approché de la fenêtre et, surprise, la quasi totalité des feuilles tombées tout à l’heure gisent désormais sur la face !

                                                    Je reprends la pèlerine.
                                                    Indéniable !
                                                    Alors ?
                                                    Alors ! deux hypothèses  !

La première — qui vaut ce qu’elle vaut — réside dans la courbure du pétiole (la queue) de la feuille.
Du vivant de la feuille, la pesanteur a agi sur le pétiole qui s’est incurvé, tombée à terre l’appendice empêche celle-ci — si tombée sur le dos— de s’aplatir au sol et offre une terrible prise au vent.

Ainsi, le vent fait rouler les petites feuilles qui sont tombées sur le dos jusqu’à qu’elles se retournent et cessent d’offrir une surface au coquin qui cherche alors une autre petite à chahuter.

Au bilan donc, la quantité de feuilles collées au bitume s’avère plus importante du fait de cet agent extérieur.

Extérieur !
Extérieur !
Intérieur !

Je dois vérifier mon hypothèse.

Le ficus benjamina, rentré au chaud depuis quelques semaines, perd abondamment ses feuilles — choc thermique disent les autorités concernées — voyons comment elles se comportent en l’absence de vent.

— Arrrghhh ! Epouse-Aspirante est passée avant moi. Le tapis est vierge de tout cadavre. Tant pis, la science l’exige, je sors mon coupe-ongles.

Je vais limiter mon expérience à cent feuilles.

Clic, clic, clic, (cent fois)

45 sur le dos
13 sur le côté (ficus benjamina ? ! ! )
42 face contre le tapis.

        Absence de vent.
            Bilan positif.
                Le hasard préside à la chute des feuilles.
                    Le vent bouleverse les résultats.

— Mais... n’avais-je pas passé l’aspirateur, voici une heure ?
— Si tu le  dis...
— Alors, ces feuilles ?
— Le ficus est bien souffrant, il se dépouille anormalement, non ?
— Inquiétant !
— Je me charge de balayer les victimes.

J’attrape les cent cobayes et les jette en l’air sur la terrasse balayée par un vent ravi de l’occasion.

Une heure plus tard.
Re-pèlerine, bonnet, moufles, etc... et je pars à la recherche des souffre-douleur.

84 introuvables
15 allongées sur le ventre.
1 sur le côté.

C.Q.F.D. !

Je peux retourner auprès du feu.

Pardon ?
La deuxième explication ?
Ah ! oui ! La deuxième ?

Oh ! Il était question d’un pacte tacite entre les deux faces de la feuille. L’endroit tourné vers le soleil et l’envers toujours côté obscur pendant la belle saison et échange de bons procédés pour la mauvaise. Mais... qui pourrait s’attacher à une telle extravagance ?

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Commentaires
A
Un billet de 100 feuille(t)s, pour sûr, c'est pas tous les jours.<br /> <br /> Jolie voix, Papistache : de la poésie-nature !
V
J'ai eu beaucoup de plaisir à vous lire!<br /> Sourire<br /> Vanina
V
... j'aurais désormais une pensée persistante!!!<br /> ;-))<br /> Sourire<br /> vanina
P
Oh ! Val ! Je suis terriblement ordinaire !<br /> Rien de ce que vous pourrez dire n'y changera rien.<br /> <br /> La seule différence que je m'accorde, c'est que vous toutes, à commencer par celle que vous connaissez sous mille variations d'Epouse-..., m'obligez à garder la tête haute et à rentrer le ventre.
V
Oh, mais non!<br /> C'était parfait!<br /> Vous l'aviez dit, vous l'avez fait! <br /> Vous revenez avec une réponse!<br /> Bravo!<br /> <br /> mais avouez que... vous n'êtes pas comme tout le monde :D !
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