Thé CCCXXI
La lettre, sur papier brun, est posée près du bol.
Dépliée.
Nous la relisons une fois encore.
C’est écrit, donc c’est sûr !
Nous le savions depuis plusieurs semaines.
Matin paisible.
Thé calme.
Trois cent vingt et unième du nom.
Accessoires en place.
Mots calmes.
Décision irrévocable.
La confirmation écrite est arrivée hier.
La lettre, enjouée, est posée près du bol, entre nous deux.
Dépliée.
Une gorgée.
Tiède, déjà !
Comme le temps passe.
Relue.
C’est authentifié par les caractères répandus sur le papier.
Fin mai, P********* investissait A******pour y bâtir son nid.
Fin mai, P********* ouvrait la première page d’un livre qui devait compter plusieurs gros volumes.
L’opuscule ne tiendra pas, sur les étagères, la place qui lui avait été dégagée.
P******** a sorti sa boussole.
Nouvelle page blanche.
Nouvelles pages blanches.
Encre couleur thé ou émeraude ?
La lettre est explicite.
Les conversations téléphoniques pouvaient laisser place à interprétation.
P********* ne se pèlera pas aux rigueurs du Mistral hivernal.
P********* s’envole vers un département proche de l’équateur.
“Chère Maman, Cher papa...”
P********* est vaccinée.
Elle s’envole.
Le thé est froid.
Magie de la technologie, il se réchauffe en quelques secondes.
S’est-il jamais vraiment attiédi ?
C’est un bon thé, à peine si nous avons forcé sur le miel de montagne, ce matin.