Thé CCCXX
Entrez !
Non, vous ne dérangez pas !
Vous avez bien fait de demander !
J’aurais dû y penser la première. Mais c’est une excellente idée !
Il est à l’étage.
Oh ! Non, pas de chance qu’il descende. Monsieur est en écriture. La maison brûlerait qu’il ne s’en rendrait compte qu’au moment où l’ordinateur s’éteindrait.
Donnez votre manteau ! Oui, c’est très bien chauffé !
Montez, je vous rejoins ! Je fais chauffer un peu d’eau ?
— "C’est toi, mon amour, j’ai encore une demi-heure. Non ?"
Voyez, je vous avais dit qu’il ne tournerait pas la tête ! Attendez, j’ouvre la boîte crânienne, vous serez au cœur de la création.
Oh ! Non, il y a de la place pour trois fois votre contingent. Il a fait le ménage depuis qu’il “blogue”, et puis, en dépit des airs qu’il se donne, c’est malgré tout un cerveau d’homme.
Vous serez à l’aise !
Vous vouliez assister au processus imaginatif du pépère. Installez-vous, c’est commencé. En fait, ça n’arrête jamais, même si souvent ça pédale dans la semoule.
Je vous laisse, j’ai à faire, je referme la boîte crânienne.
C’est pas que j’aie peur qu’il s’enrhume mais il lui arrive fréquemment de se gratter l’occiput, rencontrer le vide pourrait le chahuter.
Bonne visite !
Allons, mon vieux, tu vas la pondre ta chronique aujourd’hui.
Une petite idée neuve ?
Rien, comme d’hab, le grand désert blanc en plein hiver.
Une tasse de thé qui se renverserait sur la table
et qui resterait en suspension dans l’air.
Tu laisserais croire que tu es en vol orbital autour de la théière.
Non, je ne vois pas ! C’est ballot !
Tu pourrais faire le coup de la chronique égarée et mangée par le chien.
Le chien ?
Oui, tu as bien inventé un chien au tronçonneur du cerisier.
Comment l’as-tu appelé déjà ?
Tintin ?
Oui Tintin, le chien de M. Miloud.
Je ne la sens pas, celle-là.
Je sais pas alors.
Un truc tout en allitération, genre :
“T’as t’y tout ton thé tâté tonton ?”
J’ai pas écrit quelque chose qui ressemblait à ça ?
Peut-être ? Qui s’en souvient ?
J’oserais pas !
Pas facile ! Combien il en reste ?
Quarante-six !
Quarante-six idées ? Ffffff ! Le boulot de Romain.
Je me suis moi-même cloué au pilori.
Quel imbécile !
Allez ! cherche un peu !
Tu pourrais écrire un billet amoureux,
tu chanterais ton amour pour ta doulce compagne.
J’ai épuisé et le modèle et le sujet, non ?
Ouais, mais ça marche à chaque fois.
Un peu de romantisme.
Tu te fais passer pour un gros lourdaud
tout attendri
et à elle tu accordes le beau rôle,
compréhensive, magnanime, etc.
Popopopop ! Je suis pas inspiré.
Le coup de dictionnaire ?
Tu sors un mot rarissime,
tu fais croire que tu dors avec
depuis des lunes et hop,
tu emballes la chronique
avec un papier de couleur
et c’est torché !
Ah ! oui ! Coruscant !
C’est bon, ça, coruscant !
Je l’ai pas déjà utilisé, celui-là ?
Si, si, même qu’à Télérama ils m'ont piqué l’idée.
Et alors, ils pourraient avoir de plus mauvaises lectures !
Non, je laisse le dictionnaire.
L’occiput me démange !
Trouver un sujet de chronique !
Trouver un sujet de chronique?
Je dois trouver un sujet de chronique ridée à la théine.
Je dois trouver un sujet de chronique ridée à la théine.
Je dois trouver un sujet de chronique ridée à la théine.
Je dois trouver un sujet de chronique ridée à la théine.
Je dois trouver un sujet de chronique ridée à la théine.
Je dois trouver un sujet de chronique ridée à la théine.
Je dois trouver un sujet de chronique ridée à la théine.
J’ai la tête lourde, lourde !
Fais un truc avec ça.
Tu remplis ton bol d’un demi-litre d’ibuprophène
et tu avales un comprimé de thé blanc de Chine.
Ça risque de paraître maigre.
Mais non, tu ajoutes un peu de saccharose,
un soupçon de lécithine de soja.
Tu délires un instant sur lécithine
et théine de thé au lit,
thé au lait t’es au lit City Titine au lit etc.
Ça te fait une belle chronique.
Non ?
Ma tête me semble peser une tonne.
Je pédale dans l’indécision.
J’aurais plutôt envie de faire croire
que j’ai confié ma missive au cours de la rivière,
que le froid a pris les eaux
et que la bouteille,
retenue par les glaces,
arrivera au printemps.
Tu ne crains pas qu’elle fasse doublon avec celle de la Garonne ?
C’est vrai, c’est vrai !
Que diable suis-je allé faire dans cette galère ?
Il est trop tard pour faire un petit Mickey.
Un petit dessin, c’est frais, c’est original,
c’est... c’est... trop tard pour y songer.
Un rébus ?
Un rébus, ça plaît bien ça, un rébus.
Ile haie Thé 1 foie 1 raie bus Or I J nal.
Qu’est-ce que je pourrais bien trouver pour “nal” ?
Je laisse tomber.
J’ai trop mal à la tête.
Je vais dormir un peu, le sommeil me conseillera.
Tant pis pour le travail, c’est grève,
je reprendrai ma carte
au syndicat des comptables en voie de péremption.
Vous pouvez sortir ! Il dort !
Oh là là ! Déçues ?
Ce n’était pas un bon jour ?
Vous ne dites rien, les filles ? C’était vraiment si pitoyable ?
Oh ! Ne partez pas tout de suite ! Je vous offre un thé ?
Ben, dites quelque chose !
Je n’aurais peut-être pas dû organiser la visite de son vivant !
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