Thé CCLIII
Authentique.
Hier, en fin d’après-midi, une voix d’homme me parvient aux oreilles.
Un appel.
Répété.
Je quitte mon tabouret et cherche une fenêtre donnant sur la rue.
Facile, toutes les fenêtres de l’étage donnent sur la rue.
Ah ! Non ! Pas toutes !
Epouse-A-L’ouïe-Fine m’a devancé. Elle s’approche du portillon — fermé à clé, depuis l’intrusion que-vous-savez — où se tiennent un homme en casquette et son fils tête nue.
Enfin, son fils ? Un enfant !
La sonnette pend toujours, pitoyable. C’est triste une sonnette qui pend !
Enfin, la sonnette ? Le bouton de la sonnette.
La suite... c’est Epouse-Au-Micro qui raconte :
— "Le père de l’enfant m’a expliqué que le petit voulait un bouquet de fleurs à offrir à sa maman. Il demandait la permission de cueillir une rose. Une de celles qui débordent sur le trottoir. Blanche. Dans sa main, l’enfant tenait trois misérables fleurettes, butinées ailleurs."
La ville n’a pas semé de jachère fleurie sur le bitume. Pas encore ! On en rêve. Les trottoirs, par ici, ne regorgent pas de prairies colorées.
"Bref, le sécateur — le sécateur se prénomme Bref — a tranché quelques tiges et le petit est parti avec ses roses."
D’ordinaire, les écoliers — l’école primaire et publique se dresse à trois pas de notre rue — préfèrent laisser traîner une main paresseuse sur le grillage et arracher quelques boutons.
Enfin, arracher des boutons de roses ? Pas chez nous ! Les épines sont mauvaises.
C’est la glycine du docteur Le-week-End-Faites-Le-15 qui leur offre ce petit plaisir sur le chemin.
— "Tiens, maîtresse ! Je t’ai apporté des fleurs.
— Oh ! C’est gentil ! Encore de la glycine. Personne ne pourrait m’apporter des dahlias ou des glaïeuls ? On ferait une dictée de mots.
— Ben, maîtresse. C’est qu’i y’a un chien chez Madame Yvonne et i’ nous fait peur.
— ..."
Le père, son fils et la casquette sont repartis. Plus loin, les parterres de la ville regorgent de mille variétés ; le père a préféré demander. La ville est bien fleurie. Le jardinier passe tous les soirs devant notre portillon.
Enfin le jardinier ? Un jardinier !
Il a le bon goût de nous complimenter sur nos choix. C’est notre préféré !
Sinon ?
Eh, bien ! Sinon, c’est pas aujourd’hui que je vais écrire la chronique qui fera se pâmer le jury.
Hier, l’été prenait ses aises.
Papa Ours et Maman Ours aussi.
Les pêches du jardin commencent à mûrir.
Déjeuner au soleil !
Paresse !
Tomates du jardin. Les premières !
Enfin, les premières ? Les dernières aussi.
"Cette année, mes braves dames..."
Epaule d’agneau au citron
Pavé au citron
Enfin pavé ? Un huitième chacun !
Vous trouvez que le citron se presse trop à la table des oursons ?
C’est son destin, au citron !
Et puis, c’était l’été !
Pour terminer, un thé vert à la menthe.
Voilà, c’était une chronique estivale.
Enfin, une ? la dernière, peut-être, avant l'automne ?
Encore une petite tasse ?