Thé CCL
Et si je m’étais trompé de breuvage ?
Car enfin ?
Le thé ?
Combien d’hommes de ma famille boivent-ils du thé ?
Mon père ? Non !
Frères, beaux-frères ? Non !
Gendres ? Non !
Oncles ? Non !
Cousins ? Là, pour répondre il faudrait pousser l’enquête plus loin que ne le permet le temps qui me reste pour publier ce billet.
Café ?
— Quelqu’un prend un café pour terminer le repas ?
— Moi !
— Moi !
— Moi !
— Moi !
— Moi !
— Moi !
— Moi !
— Moi !
— Moi !
— Moi !
— Moi !
— Moi !
Même Papa-Mon-Papa a oublié qu’il n’en buvait plus depuis trente ans et qui en réclame un maintenant, comme autrefois où il était le seul à en boire, autour de la table dominicale.
Oh ! J’en ai bus aussi !
Je sais même quand j’ai bu le premier qui m’ait plu.
Sans sucre !
Tous, les autres, le buvaient sucré, à l’époque.
Moi, je n’aimais pas.
Mais sans sucre, ça se laissait boire.
Quatre ou cinq par jour.
Ça se laissait boire !
Palpitations cardiaques ?
J’ai consulté un cardiologue :
— "Electrocardiogramme plat ! Vous êtes un sans cœur", m’a-t-il sorti.
En plus d’avoir du poil sur les avant-bras le cardiologue avait de l‘humour.
Rassure-toi mon cœur, à l’époque, le mien avait supporté le test d’effort qui fut fatal à René Goscinny.
— “Vous avez juste le cœur à l’horizontale ! C’est très fréquent chez les primates de grande taille ! Pas d’inconvénients notoires ! Le café n’a pas d’effet ? Doublez la dose !”
Le cardiologue tient à sa clientèle.
Dix cafés par jour !
Je n’ai pas osé.
J’ai renoncé.
Puisque je n’en ressentais pas les effets.
Peut-être la caféine tournait-elle en rond dans ma poitrine en cherchant un cœur vertical ?
Aurais-je dormi sur le côté que mon cœur se fût trouvé à la verticale.
Ou à l’envers.
Dans ce cas les palpitations seraient survenues !
Mais je me serais réveillé et remis sur le dos, donc à l’horizontale.
Et la caféine aurait repris sa quête.
Peut-être que si Epouse-Enamourée l’eût quelque peu chahuté, mon cœur aurait brutalement quitté son orbite ?
Mais allez rêver un amour plus aveugle que le sien.
Allez !
Rêvez !
Non ! J’ai renoncé au café.
Je ne connaissais pas encore Grenouille dont l’addiction à l’eau chaude eût pu me séduire.
J’ai bifurqué vers le thé.
Le chocolat ? J’avais déjà donné, petit.
Le Viandox ? Pour un enterrement, de-ci, de-là, peut-être ?
Grog, vin chaud ? Non !
Infusion !
C’est bien, infusion !
C’était voici tantôt trente ans. Trente-cinq même.
— "Qu’est-ce qu’il prendra le p’tit nouveau ?
— Un thé ! Avec plaisir.
— Qu’est-ce qu’il a dit ?
— Un thé nature. Ce que vous avez !
— On a ça ? Simone ? Du thé ?
— ...
— On va vous servir un cassis. C’est c’qui s’rapproche le plus.
— Ma foi, du sirop ! Pourquoi pas ? Waoooh ! C’est fort !
— C’est c’qu’on donne aux vieilles qu’ont mal aux dents et aux gamins avant qu’i partent à l’école, en hiver ! ! !"
Jamais été réinvité, le buveur de tisane ! Je me suis laissé dire que l’anecdote tournait encore, dans les veillées, les jours de grand froid.
Je n’aurais pas écrit dix chroniques sur le café.
Pas cinq sur le décaféiné.
Une !
Aujourd’hui !
Le chocolat ?
C’est une autre histoire !