Thé CLXXXII
Comment cela ?
M. et Mme Patapin ?
Le couple providentiel est en vacances jusqu’au 21 juillet !
Comme chaque année ! C’est exact !
Déjà juillet ?
Je n’avais pas vu le temps passer.
Qu’à cela ne tienne !
Je vais me fournir chez M. Sasratou, son confrère de la rue des Petites Frappes.
Quoi ? Fermé pour cause de mariage !
M. et Mme Sasratou marient leur fille.
A qui auront-ils commandé la pièce montée ?
Bon ! Trouver une boulangerie ouverte !
Oui ! Le point chaud du Lidl de la Place des Fiers Mongols ! Ça fait un bon détour, mais qui veut manger du pain frais n’épargne pas ses souliers !
Fermé le dimanche !
Alors ! Reste la boulangerie de la rue des Femmes-Fleurs. Il ne pleut presque pas. Arpente le bitume, Papistache, tu ne rentreras pas bredouille.
Qu’est-ce à voir ?
Une manifestation ?
La rue des Femmes-Fleurs est remplie de manifes.... mais non, c’est la queue pour la boulangerie ! Impressionnant, la file s’étend jusqu’à l’entrée de la ruelle de la Pépinière. Eh ! Sûr ! C’est la seule boulangerie ouverte de la ville.
Alors, ce lundi, pendant que grillent les tranches de la baguette tradition — oui, il ne restait plus de baguette aux céréales, mais la “tradition”, c’est très bien, pétrie quatre heures par votre maître artisan, quatre heures ! — je me remémore la longue quête de dimanche.
Mon ancêtre de Cro-Magnon (celui qui à Lascaux peignait les points de suspension) se doutait-il que son lointain descendant éprouverait encore, devant le rougeoiement de la résistance électrique, la satisfaction du chasseur à l’évocation de sa fructueuse traque.
Epouse-Gourmande peut venir s’installer, le produit de la chasse est bon à tartiner ; je lui ai gardé les croûtons si effilés qu’elle affectionne tant. Un soupçon de ce bon miel de Provence à laisser fondre sur la tartine et la journée pourra commencer.