Thé CLXXII
– Alors, c’est entendu ! Tu ne t’oublies pas sur ton clavier !
– Comme si ! Voyons ! Serais-je incontinent ? Sur le clavier ?
– Je vois que nous nous sommes compris !
– Compris. Promis. Je poste à 6 h 01 et j’éteins le dévoreur de temps.
C’est qu’Epouse-Nomade s’offre une sortie exceptionnelle plus que matutinale. Je serais encore seul à gérer mon organisation ce vendredi. Et je me dois d’être ponctuel, et je me dois de ne pas m’égarer sur la toile qui “pègue”, et je me dois de clore à l’heure toute camaraderie virtuelle, et je me dois de restreindre ma boulimie littéraire, et je me dois d’honorer mon poste (de travail) de ma présence effective au moment attendu. Et je me dois...
Epouse-Nomade part tôt, rentrera tard !
Elle ne téléphonera pas pour s’assurer que son pâle époux a bien envoyé son billet dans le temps imparti. Elle sait qu’il aura respecté ses engagements, même si elle craint qu’il oublie, en cours, de respirer ou de cligner des yeux. Tant qu’il ne tourne pas de l’œil !
Oh ! Une petite aventure survenue hier !
Le Papistache venait de réveiller l’ordinateur qui, vieil animal, prenait son temps à l’allumage. L’ordi gîte à l’étage, précision pas inutile.
En attendant que les logiciels prissent leur place, le propriétaire du pseudo qui rime avec “peau de vache” décida de suivre un tirage de lettres au jeu d’Armand Jammot.
Emporté par la frénésie du plateau, il s’attarda à jouer un petit “Compte est bon”.
A ce moment, un pas, qui se voulait assourdi, se manifesta dans l’escalier. Le Papi ne bougea pas. Le rendez-vous de son épouse avait été annulé ; elle rentrait plus tôt et voulait le surprendre. "Laissons-la jouer", pensa-t-il !
Le pas étouffé s’approcha du petit bureau.
L’aïeul allait faire l’étonné.
Oh ! Peuchère !
L’étonné ! Il ne le joua pas.
C’était un homme qui s’avançait.
Un parfait inconnu.
La peau brûlée par le soleil.
– "J’ai sonné, dit-il. Personne n’a répondu. (C’était plausible, la sonnette a fondu son fusible) J’ai frappé, dit-il. Personne n’a répondu. (Là, le Papistache douta un peu !) J’ai ouvert. je suis entré. J’ai enfilé l’escalier (A pas de loup ! Sans se faire entendre !) Il y a une maison à vendre dans le quartier ? interrogea-t-il. Je me demandais si c’était celle-là ! (Oh ! La ficelle, qu’elle était grosse !)
Je laisse choir le passé simple et je poursuis la narration...
Je me le suis raccompagné au portail. Il ne s’est pas démonté, il a développé son histoire de maison à vendre qu’on lui avait conseillé d’aller visiter. Il s’est excusé du dérangement. Il m’a broyé les os de la main droite. Pas malin, le bonhomme ! Il aurait déménagé le rez-de-chaussée que je n’aurais rien entendu. De l’inconvénient de trop bien isoler ses plafonds.
Bon, dorénavant, je conseille à Epouse-Précieuse de s’enfermer à clé quand elle se trouve à l’étage et elle m’ordonne de ne plus laisser la maison ouverte à tous les vents.
Oh ! Pécaïre !
Le bloc-notes des 365 chroniques autour d’une tasse de thé amer aurait pu, suite à cette intrusion, devenir orphelin.
Allez, que je pense à fermer porte d’entrée et portail en sortant.
L’heure approche.
Une promesse est une promesse !