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365 chroniques ridées depuis un bol de thé amer
26 mars 2007

Thé LXXXV

Papa-Mon-Papa fêtait, hier, ses quatre-vingts ans.

La maison jaune aux volets bleus s’était remplie avant le départ en convoi vers le lieu de la réception.

- “N’arrivez pas trop tard. Soyez à l’heure !”

Recommandations redondantes, mais Maman-Ma-Maman connaît son monde, ses cinq enfants, tous mariés et les autres.

Là-bas, des émotions, des retrouvailles, des gestes tendres, et trop vite des séparations.

Retour à la maison, ambiance de fin de fête.

Sur la table, près des bols abandonnés en urgence ne restent que des miettes.

Le départ fut hâté.

C’est qu’aussi l’heure prêtée à l’hiver lui a été rendue cette nuit.

Alors miettes des croissants.
        Miettes des pains aux raisins.
                Miettes des brioches.
                        Miettes des pains au chocolat.
                Toutes ces viennoiseries invitées à la table de ce  dimanche matin.
        Miettes également des baguettes “tradition” aux céréales.

Mais aussi des indices semés du passage de Rosette, son mari et Petit-Qui- Cambre-Son-Dos.
        Là, le transat oublié ; ici, le tapis de mousse recouvert de la couverture si douce, et plus loin la table à langer ressortie du grenier.
        Et puis aussi, le hochet de bois  aux perles orange clair et beige soutenu.

        Au pied de l’escalier, le sac de Grisette qui ne part que tout à l’heure au train de 8 h 40.

Pâquerette n’est pas venue, retenue par des bras aimants.

Mais Pâquerette rôdait, son cadeau, arrivé par la Poste, a fait le tour de l’assemblée. Pâquerette a de bonnes idées. Pâquerette a associé les quatorze autres petits enfants à son projet ainsi que les deux précurseurs de la génération suivante.

Papa-Mon-Papa a pleuré.
Sa larme est de plus en plus généreuse à mesure qu’il vieillit.
L’âge confère aux sentiments une dimension liquide.

Je lis mon avenir dans les traits de Papa-Mon-Papa.
Je sais qu’à mon tour je ne pourrai plus contenir l’eau qu’exsuderont mes vieux os.
Je fondrai comme la banquise, effet du réchauffement émotif dû à la vieillesse.
Sensible-Epouse n’a pas attendu, son œil se mouille volontiers.

Nous nous diluerons ensemble.

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Commentaires
T
bon , pour le bébé fleur nous on saura jamais.. ;-)
G
Mon absence m'oblige à lire les thés matinaux à rebours alors <br /> Pâquerette, c'est quoi cette histoire de bébé fleur?
P
Pâquerette ? Que lis-je ? Je te téléphone de ce pas.
P
e ne viens pas souvent picorer les miettes des tartines de thés de papistache... je suis la miette sensible de la tablée, j'ai les larmiches au coin des yeux en moins de deux. en rentrant dans les secrets du bol de thé du maitre chinois, je pense à mon bol de banania.... ici café fort pour me tirer du lit, en attendant à mon tour de saupoudrer des histoires dans la tasse de lait d'un bébé fleur des champs provençal.
C
trop émouvant
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