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365 chroniques ridées depuis un bol de thé amer
17 décembre 2007

Thé CCCLI

“J’leur ai dit qu’è’ pouvaient entrer ici
Se servir, manger et boire et danser
è’ m’ont écouté

J’ai cru qu’ y’ aurait jamais assez d’ place
Mais è’ s’sont tassées, et è s’sont poussées
I’ y’avait du monde.”


Oh ! Pas les internautes ! Je les recevrais bien mieux que cela.
Chacune à l’honneur, pas en groupe de six.

Hier, si le thé a gelé dans les tasses oubliées sur la souche du vieil arbre, alors les petites visiteuses du jardin avaient bien besoin de combler la rapide déperdition de leurs calories. Exploit renouvelé chaque matin. Tenter de maintenir leur petit corps au chaud.

Elles savent bien, les mésanges, où trouver pitance.

                    Il gèle.
                    Les graines sont difficiles à arracher au sol durci.
                    Hop ! elles rappliquent vers leurs lieux de nourrissage.
                    Chez l’un !
                    Chez l’autre !

                                                    Odorat ?
                                                    Mémoire ?
                                                    Hasard ?
                                                    Vue ?

Qu’est-ce qui préside au choix de l’itinéraire des mésanges.
Un peu tout ça, peut-être !

    A boire ! Quand il gèle, donner à boire également aux visiteuses.

    Que donner à boire ?

    Gagné.
                Une légère infusion de thé tiède. A peine tiède, d’ailleurs.
                                                                                                                    Vite refroidie.

Au jardinet — heureusement, hier, c’était dimanche et la fenêtre est large — j’ai guetté les allées et venues.
Les mâles, les femelles.
Comment reconnaître les mésanges charbonnières mâles ?
Comme tout le monde !
Le mâle arbore une large bande noire qui descend du cou sur le ventre, la femelle une bande fine, voire discontinue.

J’attends les mésanges huppées.
                                                        Trop tôt.
                                                                        Pas assez froid !
Elles ne quittent pas leurs sapinettes pour trois degrés au-dessous de zéro. Il leur en faut plus.
                                                    Certaines années, on ne les voit pas.
                                                                        Enfin, pas le dimanche !

Le rouge-gorge également est là.

Opportuniste.
Il se place sous  la boule de graisse et toutes les graines arrachées au magma et qui échappent aux mésanges...
pour lui !

        Belle vie !
        Belle vie ?
        Chienne de vie ! Oui !
80 % de ce que mangent les petits oiseaux ne sert qu’à maintenir leur corps à bonne température. Et l’hiver — qui n’est pas encore là — plus la nourriture devient difficile à arracher au sol gelé plus il en faut.

        Le rapport avec le thé du matin ?
C’est qu’hier, je suis resté scotché à la vitre toute la journée. Pratique les doubles vitrages ; les oiseaux ne voient pas au travers. Miroir sans tain. Poste d’observation bien au chaud.

    Hier, mon thé matutinal a duré jusqu’à la tombée du jour.
    Scotché, j’ai dit.
    Une tasse à la main, la bouilloire en permanence sur le feu.
    Poste d’observation juste délaissé le temps d’abandonner les décilitres migrant du bol à la cuvette.

            Chienne de vie ?
            Belle vie, plutôt !
La chaleur du foyer, le spectacle assuré, le thé à profusion et même un petit sablé à tremper, le petit doigt négligemment en l’air.

— "Alors, me dira Grenouille, qu’as-tu fait de ton week-end ?
— J’ai regardé les mésanges."

Et elle me racontera qu’en effectuant son footing ( il semblerait que cela s’apparente à de la course à pied ) son bras gauche a gelé et qu’on a dû la conduire aux urgences pour lui administrer des piqûres de sérum chaud.
Son époux se sera rompu quelques os en chutant du haut d’une falaise en se fourvoyant lors d’une épreuve de V.T.T ( des gaillards, tous adultes, en culotte courte qui se poursuivent à bicyclette dans les chemins creux et en transpirant comme des retraités de Floride sur leur transat électrique) et on sera sans nouvelle d’un ou deux de ses enfants momentanément égarés à l’issue d’une course d’orientation en terrain clos. Les joies de la famille sportive.
A la vitesse où ces gens se déplacent, ont-ils jamais le temps de discerner le sexe des mésanges charbonnières ?

Je n’ai qu’à tendre la main vers mon bol pour siroter lentement mon premier thé du jour.

— "Lentement ? Lentement ? Je voudrais bien t’y voir ? As-tu vu la pendule ?
— Ah ! Epouse-Toujours-Sur-Le-Qui-Vive, tu aurais pu épouser un sportif. Tu l’aurais consolidé chaque lundi. C’est vraiment fragile, cette engeance ! Non ? Pas comme les mésanges ! Costaudes, les bestioles ! Costaudes ! J'arrive !"

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Commentaires
C
enseignant .......la belle affaire ! ......il n'est jamais trop tard !!! Mais .........papistache saurait-il se plier aux grandes règles-contraintes de l'E........ N........ ?
I
Aux charbonnières, je préfère les bleues, moins fréquente... mais c'est vrai que les huppées sont encore plus rares. <br /> <br /> Mon plaisir, quand j'étais plus jeune, était de voir tous les hivers au moins une fois le rouge gorge, par la fenêtre de la cuisine. Et on disait, ah, tiens, il est encore là. C'est beau d'avoir cru que c'était toujours le même d'années en années... <br /> <br /> Je n'y suis plus, je ne le verrai plus, mes parents ont déménagé, mais c'est avec les yeux pleins de souvenirs que j'ai plaisir à voir des rouges-gorges, quand l'occasion se présente... <br /> <br /> Merci pour ses souvenirs qui viennent de remonter à la lecture de ce texte.
L
Tiens ? Vous êtes bouliste ? (ok, je sors...)
T
Le plat le plus recherché, sans aucun doute: les graines de tournesol... Je ne sais pas combien de kgs passent chaque hiver...<br /> Mais qu'on ne s'y trompe pas , c'est une guinguette chez moi, et non un restaurant huppé, Le "hupping", c'est pas le genre de la maison...
P
Tilu, si je vous lis bien votre restaurant est plus “huppé” que le mien. Combien d’étoiles et quel est votre plat le plus recherché ?<br /> <br /> Loïs de Murphy, qui croirait à la lecture de ces chroniques que le marionnettiste qui me donne vie est président d’une association sportive de 440 licenciés ?<br /> <br /> <br /> Janeczka, les mésanges sont des acrobates, il faut leur donner une pitance suspendue (boule de graisse farcie de petites graines) faites cela, vous les verrez s’approcher. Sous réserve que ces petits oiseaux nichent près de chez vous ! Vous vivez en une si étrange contrée !<br /> <br /> Caro_carito, observer les oiseaux est un passe-temps de retraité, ou de travailleur en congé le dimanche, ou de naturaliste, ou de curieux, ou d'enfant, ou de poète, ou de peintre, ou de...<br /> <br /> Joëlle, il faut croire que le genre aviaire est un commun dénominateur aux lectrices de ces chroniques au thé.<br /> <br /> <br /> Teb, vous avez le chat et ses facéties, laissez un peu de plaisir à ceux (celles) qui sont allergiques au poil. Le chat n’est pas l’ami de l’ami des semis fins.<br /> <br /> Des écureuils, vifs eux aussi ! J’en vois traverser un, souvent, devant la voiture au petit matin, mais la maison jaune se trouve trop loin de son habitat naturel.<br /> <br /> Val, il vous a manqué un guide sûr pour vous aider à nommer ces petites bêtes. Rassurez-vous, je tiens mes maigres connaissances de mes lectures à l’âge adulte. Enfant, je ne connaissais pas grand chose. Voyez à la bibliothèque s’il n’existe pas un bon guide. Vous pourriez vous intéresser aux oiseaux des bords de mer, pour commencer.<br /> <br /> Oui, Claicile, nous avons dû être nombreux à surveiller les petites ailes, ce dimanche. Quant à moi, comme je l’écrivais déjà voici quelques temps, j’adore partager mes connaissances. J’aurais dû être enseignant, disais-je alors. Je le pense encore.
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