Thé CCCXLIX
Car respirer en siamois depuis ce réveil halitueux,
Le premier regard échangé entre soi, chaque fois sans
Doute plus neuf et moins sévère,
Nous paraît encore, après 10 000 matins, inouï et singulier.
Conduit, de tâtonnements en tâtonnements,
A grands renforts de connivence sans
Rechercher nécessairement la fusion d’exception,
Et s’attacher toujours à surprendre d‘un geste, d‘un mot,
C’est le parcours du couple, assis là, côte à côte.
Par tous les temps, par toutes les houles,
La vague les a portés, joints, au seuil de leur automne.
Recherche d’un bonheur primitif
Que l’hiver qui s’annonce n’effraie point
Nous taisons ce qui peine, inventons de concert,
Percevons l’indicible, façonnons nos éphémères itinéraires
La recette longuement expérimentée, essayée, réécrite,
Réalité en permanence étonnante se donne à voir, ne se vend pas.
Acrostiche, vous n'en aviez pas douté !
Repas du matin.
Billet du matin.
Lecteurs du matin.
Lectrices !
De quelle main tenez-vous votre tasse ?
En quelle tenue vous asseyez-vous devant votre écran ?
Serviette nouée sur la tête ?
Pyjama ?
Gros pull de laine ?
Pieds nus ?
Chaussettes ?
Talons hauts ?
Clés de la voiture en main ?
Thé ? Café ? Jus d’orange ?
Quand vient le soir, je collecte vos impressions matutinales.
L’eau a coulé sous les ponts de pierres ou d’acier.
Un clin d’œil, une pensée, un sourire, une pirouette, une boutade.
Serait-il possible qu’une, invisible, vienne humer quotidiennement les parcelles dévoilées du thé estampillé du jour ?
Du jour qui cède la place.
Du jour qui s’apprête.
Quotidiennement ?
Sans que jamais même son mystère ne déplace une miette de la table aux cicatrices anciennes ?