Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
365 chroniques ridées depuis un bol de thé amer
3 novembre 2007

Thé CCCVII

        Évidemment, l’aventure lui pendait au nez.
        Passer de l’autre côté du miroir.
        Il s’y attendait. Depuis long-temps.
        Il avait imaginé des douleurs, des contorsions, des fièvres, des sueurs, des tiraillements.

Imagination trop fertile, ne fera jamais rien dans la vie ; restera un rêveur invétéré.


                Le passage ne provoqua aucune gêne.
                Il se tenait face à son clavier.
                Une inspiration (pulmonaire) et il taillait ses rosiers.
          
Ses rosiers ! Bien sûr, il en possédait plus que le Petit Prince, mais moins que PapiDelbard. Pourtant son physique se rapprochait plus du grand-père aux rosiers que du petit bonhomme à l’écharpe. Cependant son univers le rattachait plus au gamin interrogateur qu’au vieillard aux mille roses©.


Trois !

Il possédait trois rosiers qu’il taillait, alors qu’il était assis devant son clavier.

Sûr, quelqu’une de ses correspondantes allait pénétrer dans le jardinet, lui sourire, l’embrasser.
Aoutch ! Les épines n’étaient pas virtuelles.
                                            Agressif le PapiDelbard© !

En novembre, il est temps de tailler — pas trop court — les branches des rosiers.


Sa voiture s’était garée sur le trottoir. Elle ne savait pas comment elle était arrivée là. Elle pianotait sur son clavier, face à son écran, ses enfants s’occupaient et elle était entrée dans le jardinet. Elle avait vu sursauter le long vieillard quand les épines du rosier© avaient mordu la chair de son auriculaire.

        Epouse-Embarquée-Dans-La-Spirale était venue l’accueillir.
        Elle faisait partie de la famille.
                                                            Elle était chez elle.

Personne ne s’étonnait de cette conjonction spatio-temporelle qui avait permis la rencontre.
Voilà, ils poursuivirent de vive voix une conversation entamée à deux-cents lieues de là.

                        Des trois, pas un ne regarda sa montre.         
                        Pas une, ni deux  mais trois boissons chaudes.

                    Café. Chicorée. Thé. 

        Elle était chez elle.
                Ils étaient avec elle.
                        Ils étaient chez elle.

On se serait cru à la Galerie de la Bonne Compagnie.


Parce qu’il l’avait décidé, l’écran cligna de l’œil. La magie s'effaça.

Il appuyait son bras droit
                Elle étirait sa nuque ankylosée
sur la planche du bureau,                 et jetait un regard maternel
le gauche, collé au corps,                  sur les jeux des petits
la main en suspension,                     allongés sur un carré
l’index tendu.                                    de moquette violine.


Il ne s’était rien passé.

Imagination trop fertile, ne fera jamais rien dans la vie ; restera un rêveur invétéré.


Pourtant, trois gouttes de sang frais avaient coulé sur le bois clair du bureau. Avec les dents, il ôta une écharde noire qui dépassait d’une déchirure à son auriculaire gauche. Un observateur attentif aurait reconnu une épine de rosier PapiDelbard©.

Les petits jouaient au ras du sol. L’image d’une maison jaune à un étage se forma sur sa rétine. Une échelle délaissée, un sécateur rouge et un panier d’osier rempli de branchages fraîchement coupés envahissaient son champ de vision. Elle se souvint qu’elle avait retenu un geste quand les épines du rosier avaient mordu la main tavelée.

Publicité
Publicité
Commentaires
V
Si je devais commencer à noicir mon commentaire d'eloges :<br /> <br /> 1/ Je remplirais toutes les pages du bloc-notes.<br /> 2/ J'y serais encore demain matin.<br /> 3/ J'en oublierais sûrement et j'en serais peinée.<br /> <br /> C'est pour ces trois uniques raisons que je ne le fais pas.<br /> <br /> Merci Papistache et Mamoune.
E
Gigot les iris.<br /> Gigot.
E
Tant pis pour les images fantômes, le texte que voilà est tout simplement merveilleux.<br /> Je vais aller me faire offrir un thé aux iris gigots, pour faire durer le plaisr...
P
J'aime bien jouer mais pas tout seul. Si j'avais glissé une image insolite, j'aurais semé des indices pour que tous nous puissions jouer.<br /> <br /> Alors ?<br /> <br /> Soit j'aurais fait une mauvaise manipulation (mais laquelle ?) soit canalblog aurait légèrement failli.<br /> <br /> Je me refuse de croire à un fantôme.
O
Je confirme: il y avait bien là un carré mystérieux jadis...
365 chroniques ridées depuis un bol de thé amer
Publicité
Archives
Derniers commentaires
365 chroniques ridées depuis un bol de thé amer
Publicité