Thé CCXLVI
Dimanche, le dernier ultime jour moment de la semaine, j’ai chaussé enfilé mes bottes brodequins de sept lieues vingt-huit kilomètres et je suis allé boire siroter un thé une infusion chez Grenouille Rainette dont la maison demeure de bois planches s’apprête se prépare à résister regimber au souffle halètement du grand colossal méchant antipathique loup canis lupus qui rôde erre dans les bois bosquets environnants avoisinants.
Magnifique isolement.
Impressionnante atmosphère.
Des haies de houx bordent le chemin.
De grands et hauts arbres ombrent le terrain.
Mistral, le labrador asthmatique, accueille les visiteurs en soufflant.
Les charpentiers nomment “forêt” l’ossature des toitures des cathédrales.
Le thé chez Grenouille se consomme sous un dôme cathédrale de bois clair. La forêt encercle la maison.
Mistral geint.
— Où se trouve le sud ?
— Là, derrière les arbres !
— Donc, l’est ?
— Derrière les arbres, comme l’ouest également.
— Le nord ?
— Perdu dans les cimes !
Une feuille de charme à dents s’invite à la compagnie qui colore mon thé.
Majestueux charmes aux troncs râblés. Les muscles saillants sous l’écorce m’ont toujours impressionné.
Jacques a dit : “Hêtre à poil, charme Adam.”
Ici, pousseront les buis.
Là, les viornes.
Plus bas, les cornouillers.
De cet amas de terre rocailleuse jailliront les pervenches et les digitales.
Je m’assieds sur une pierre. Dur rognon aux arêtes tranchantes. J’ôte la feuille du charme qui s’était conviée, intruse, au bain dans ma tasse de thé servie par Rainette.
Mistral halète.
Je pose la feuille dentée sur le sol sec, crevassé et serti d‘éclats de silex effilés. La terre absorbe les quelques gouttes dont elle s’est abreuvée dans ma tasse.
Je trinque avec elle. La terre.
Je baptise le lieu.
Offrande païenne aux génies déterrés par le chantier dont les ombres rôdent autour du logis achevé.
Cet hiver, le vent du nord (perdu dans les cimes) se conjuguera avec le souffle du chien dont les griffes sonnent sur le plancher. Grenouille aime courir dans les bois. Mistral attend son retour. Les bois s’ouvrent à sa porte. Dix kilomètres de course sans rencontrer une âme. Grenouille transpire en solitaire. Elle boit de l’eau chaude, sa main au-dessus de son verre, des fois qu’une feuille marcescente des hauts charmes gardiens de l’entrée se propose d’en troubler la limpidité.
Que l’envie nous prenne de parler fort et le mur de la forêt nous renvoie, déformées, nos paroles.
Le silence est le compagnon de Grenouille.
Nelson, son mari, mesure l’étendue des travaux qui restent à effectuer.
Son chien pantelle.