Thé CCXXXIX
Non, vous n’avez pas rêvé.
Ce n’est pas une erreur !
Regardez bien le billet de dimanche.
Si, si prenez le temps !
Alors ?
Nature du problème ?
Dimanche, le billet est posté, je suis sous la douche et j’écoute la radio.
Non ! j’écoute la radio, depuis la douche.
Et j’entends une nouvelle stupéfiante. La même que vous, si dimanche vous étiez déjà levés à cette heure.
Et cette nouvelle bouleverse mon entendement.
Il est rare qu’ici je réagisse aux actualités.
Aujourd’hui... enfin, dimanche, je frôle le malaise vagal.
L’animateur de la station lâche :
— Ce matin, deux cent trente huitième jour de l’année...
Et je réalise que toute ma construction de billets s’effondre en un instant. je vais clore ces chroniques le 31 décembre par une trois cent soixante quatrième chronique.
Ah ! Oui ! Vous venez de retourner au billet du 26 août et vous y voyez : CCXXXVII et ce matin vous lisez CCXXXIX.
Qu’est devenue la chronique CCXXXVIII ?
Perdue !
Comment ai-je pu perdre la chronologie en route ?
Oui, j’entends se gausser certaine discrète visiteuse qui m’avait signalé qu’elle trouvait indigeste la numérotation romaine. Bien fait le vieux !
Eh bien moi, ce rire me brise. J’ai perdu le fil de l’agencement des billets.
A quand remonte cette erreur ?
Ne cherchez pas, je l’ai fait pour vous !
Une telle erreur me propulse dans des abîmes que j’aurais cru ne plus jamais visiter.
11 mai et 12 mai. Les deux chroniques portent le numéro CXXXI.
Le 11 mai, je vous entretenais de notre blanche amie au chevet de laquelle nous nous étions rendus fort affligés, Epouse-Diminuée et moi.
Je pensais faire un numéro faussement affecté.
Je me trompais.
Le chagrin m’avait tant troublé que je perdis là les pédales et le cours de ma numérotation.
A moins que ce ne fut le lendemain.
Ce fut le lendemain !
En effet, CXXXI, le 11 mai se justifie à plein.
Le 12 mai, une tempête avait jeté à bas la glycine.
Cette chronique aurait dû porter le nombre CXXXII.
Mis K.O. par une grêle glycine glissée à terre.
Le 31 décembre 2007, il faudra bien que je signe la trois cent soixante cinquième chronique. Alors, l’ensemble des dites chroniques en contiendra deux portant le numéro cent trente et un et aucune le numéro deux cent trente-huit.
Je sais que l’erreur serait passée inaperçue des exégètes qui fréquentent ce lieu.
Mais, moi ?
Aurais-je pu poursuivre ma composition en portant seul ce terrible secret ?
Ce coup, qui, dimanche, m’a frappé est plus violent que le vent qui rompit les amarres de la glycine.
J’en chancelle encore !
Oserai-je encore parader avec les nombres, quand je me montre incapable de compter jusqu’à trois cent soixante-cinq sans me tromper ?