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365 chroniques ridées depuis un bol de thé amer
25 juin 2007

Thé CLXXV

Epouse-Qui-Monte-Chercher-Une-Petite-Laine  vient de quitter la table du petit déjeuner. Vite que j’échange nos deux bols ! Je vais pouvoir lire ses pensées.

– Beurrrr !

J’avais oublié qu’elle pressait tant le pauvre citron.
“Garçon, une citronnade avec un zeste de thé, s’il vous plaît !”
Lisons !

Elle     – Pourquoi ce sourire au fond de ton œil ?
Moi    – Je sais à quoi tu penses ?
Elle    – Tu as bu mon thé ?
Moi    – Désarmante ! Tu éventes toutes mes ruses !
Elle    – C’est qu’elles ne sont plus de la toute dernière cueillette !
Moi    – Goûte au moins le mien, tu pourrais y lire des surprises.

Elle approche le bol de ses lèvres.

– Tu ne m’aurais pas trompée. La couleur n’est pas assez lavée. Rends-moi mon citron-thé !
– Goûte au moins une gorgée !
– Qu’y as-tu mis ? Du poivre ? Du sel ?
– J’y ai mis des pensées secrètes !

Elle rit ! Qu’a-t-elle deviné ?

– Rends-moi mon citron pressé !
– Soit ! Mais je sais à quoi tu penses !
– Je pense que ton thé manque d’agrumes !
– Non, tes pensées plus intimes !

Là, en fait, je bluffe (une fois n’est pas coutume). A cette heure du matin, elle est déjà immergée dans son sacerdoce. Ses pensées sont faciles à deviner. Elle pense tout haut. Elle rediffuse même les vieilles émissions sans se douter que je les ai déjà écoutées. Bon prince, je fais parfois mine d’assister à une première. Et je serais bien mauvais partenaire car elle est toujours prête à s’interrompre pour suivre mes sages délires.

– Sais-tu pourquoi je verse autant de citron dans mon thé matutinal ? Je vais te le dire. C’est pour que mes pensées, si elles s’y diluaient, ce dont je doute, soient désinfectées, nettoyées, assainies, filtrées, épurées. Le chlore serait agréable à mes papilles que j’en userais volontiers. Il ferait beau voir que je ne puisse garder une parcelle de mon jardin secret à l’abri de tes explorations.

Ainsi, elle javelise son thé ! Mais elle se trompe en croyant que je ne pourrais rien y lire. Après tout, c’est elle qui croit encore aux vertus supposées de l’homéopathie. Noierait-elle son bol sous un océan de jus de citron que je décèlerais toujours une once d’angoisse ou une larme de stress en y trempant les lèvres.
Et puis, je n’ai même pas besoin d’un philtre pour deviner son âme.  L’air, dans la pièce, est plus dense quand elle se porte mal. La lumière dans laquelle elle baigne semble captive ; à l’instar des trous noirs elle capture le flux lumineux qui  ne peut plus s’échapper. Les sons  deviennent également plus ouatés.

Aujourd’hui, pas besoin de philtre.
                Elle irradie.
                                    Allez, que je lui rende son jus de citron.

La journée est déjà bonne !

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Commentaires
V
Des doutes?<br /> Pour Val, fleur bleue à ses heures, c'est un des meilleurs :D !
P
Tant que je me régalerai à les écrire, nous serons quittes.<br /> Promis, le jour où la production s'annoncera mauvaise, je placerai un écriteau : <br /> "ALLEZ VOIR AILLEURS SI J'Y SUIS !<br /> <br /> Pour ce billet-là, j'avais des doutes !
K
Thé-lépa-tea ;-)
É
Je me régale chaque jour à lire ces chroniques, ce blog est un vrai régal.
V
Oui, c'est magnifique. Papistache est un grand romantique.<br /> <br /> Epouse-prudente a choisi le bon désinfectant pour ses pensées...<br /> <br /> Les pages de pensées secretes rédigées au jus de citron apparaissent blanches au curieux. Seuls les initiés pourront les lire, à l'aide d'une source de lumière. <br /> <br /> Pour le thé, cela doit fonctionner pareil...
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