Thé CVII

17 avril 2007

Pourquoi, ce matin, aurais-je voulu gagner du temps ? Rien à gagner !

Bon, mais alors peut-être rattraper du temps perdu ?

Exprimé ainsi, le challenge me convient mieux !

Toi, tu prétends donc corriger ton étourderie ?
Si fait, si fait !

Allez vas-y ! Donne des preuves !
Facile ! Il suffit de faire deux choses à la fois. Deux perles qu’en temps ordinaires j’enfile à la suite.

OK ! T’habiller et te laver ?
Non, je ne perds pas encore toute ma raison. J’ai seulement gâché quelques minutes que je veux retrouver.

J’aime-Arriver-Longtemps-Avant-L’heure ne supporterait que je la retarde. Son équilibre de la journée dépend de ces minutes qui précèdent son entrée dans l’arène. Elle craindrait d’être dévorée crue sans sa mise en condition préalable.

Alors ? Négliger le rituel titre de tes chroniques ?
Impossible, reprendre du temps n’est pas se soustraire aux petits bonheurs.

Propose !

Je parie que je puis boire mon thé tout en prenant ma douche. Attention, j’entends rire les sceptiques :
– Il va rincer son rasoir dans son bol !
– Je porte la barbe ! !
– Il va confondre son shampooing avec son thé !
– Je suis chauve ! !
– Il va se gargariser d’eau bouillante !
– Mon dentier m’attend sur la table de nuit. (Non, ça c’est une blague, je supporte mes vieilles dents personnelles !)
– Il va renverser le thé dans le lavabo, ou beurrer ses tartines de dentifrice, se savonner avec la confiture...
– Riez, sceptiques !

J’ai tenté l’aventure.
            Il ne s’est rien passé.
                              C’est décevant !
                                             Je sais.
                                                            Nous sommes arrivés en retard.

J’avais bien porté le bol dans la salle de bains, deux tartines également. J’avais bien réussi à ne rien confondre, à ne rien renverser. J’ai bu mon triste thé face à la glace et je l’ai trouvé si fade, si insipide, si ennuyeux, si terne qu’à peine vêtu, trouvant J’aime-Arriver-Longtemps-Avant-L’heure attablée seule à la cuisine devant son bol navré que je me suis resservi immédiatement un second demi-litre de tisane de thé pour amorcer l’énergie dont elle me gratifie chaque matin que nous partageons.

Nous partîmes cinq minutes en retard, mais par un prompt besoin, nous en eûmes quinze à l’arrivée.

Buvez et pissez ! Clamait la publicité.