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365 chroniques ridées depuis un bol de thé amer
22 janvier 2007

Thé XXII

J’ouvre les volets.

La nuit s’attarde encore un peu ; c’est son plaisir à la nuit. Chacun les siens.

La journée promet d’être frisquette. Ce serait bien qu’elle, au moins, s’attache à ne pas trop décevoir.

Je me souviens de mon premier thé.

Est-il donné à tous, de se souvenir de sa première infusion ? 

Oh ! j’avais aussi oublié le vin chaud de ma grand-mère Palmyre. En ce temps-là, on avait des hivers ! Surtout qu’on y allait à vélo, chez Mémère. Enfin, Papa pédalait et moi je le guidais, assis sur le porte-bagages qui surmontait la roue avant. Heureusement que je lui montrais la route ! Comme on transpirait tous les deux ! Oh ! La côte du cimetière ! La côte du cimetière ! A quel âge l’ai-je donc vaincue pour la première fois ?

Mon premier thé ?

J’avais dix-huit ans (beau comme un enfant et fort comme un homme ? Même pas dans le désordre !) et probablement étais-je le seul moniteur du monde à n’avoir jamais chaussé un ski ; alors deux ? Mais Michel m’avait fait confiance et nous étions au sommet de pistes où s’ébrouaient des vents de circonstance, à 2000 m.

Le soleil brillait. Le ciel, bleu Technicolor. Le cuisinier de la colonie de vacances (on disait encore colonie de vacances et moniteur à l’époque) venait de déposer une marmite norvégienne, tout en acier miroitant, remplie jusqu’à la gueule d’un breuvage citronné que nous bûmes (Oh, s’il vous plaît, permettez-moi ce passé simple, il a la classe qui accompagne ce souvenir revigorant.) sur les cimes du Valais suisse.

Confit* soit ce coq indigène qui m’ouvrit l’appétit aux amertumes consenties.

- “Hardi, mon amour ! L’air frais du matin, à défaut de t’avoir ouvert l’appétit, aurait-il réveillé quelque souvenir enfoui, que je te trouve transi, presque nu à la fenêtre grande ouverte ? Songes-tu, innocent convalescent, que tu déglutissais à grand-peine, voici tout juste une petite semaine ?

- Chère Non-ennemie, ce matin je venais juste d’avoir dix-huit ans.

- Alors vêts-toi, adolescent tardif et frétille nous préparer un thé vivifiant.”


Diable**, j’avais également oublié qu’il restait du flan pâtissier pour le petit déjeuner. Fissa !


*J’ai préféré “confit” à “bénit” pour rester fidèle à mes convictions, même si “béni“ sans “t“ aurait pu faire l‘affaire.
** Là, je garde, en dépit de mes convictions, parce qu’après tout, c’est moi qui tiens la plume.

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Commentaires
L
Mon premier thé ? Bonne question ! A londres, avec un amoureux, c'était un thé citron dans une verrine transparente. Le temps a passé sous les ponts... Je bois toujours du thé, j'ai un autre amoureux, mais la tisane me tente.<br /> Chaleureusement<br /> Joëlle
P
J'aime bien le 2/ !!!
P
Pour le cimetière : trois hypothèses.<br /> 1/ Afin de permettre à nos chers défunts de gagner au plus tôt le paradis, délocalisons leur dernière habitation en hauteur ; le chemin à parcourir sera moins long.<br /> 2/ Le jour de la résurrection, après un si long séjour en position horizontale, il sera plus aisé de descendre la colline pour aller boire un thé revigorant au bar du Pont de la Rivière, que de se coltiner une harassante ascension vers le troquet de La Butte.<br /> 3/ Depuis les origines de la sédentarisation, les villages se sont installés près des cours d'eau,des bords de mer ou des voies de communication. La dernière demeure de nos aïeux n'a pas à craindre les crues périodiques que nous subissons. Pour qu'ils gardent leurs os au sec, installons le cimetière sur la colline.<br /> Papistache
C
Pourquoi y a-t-il toujours la fameuse cote du cimetière dans chaque village, impossible à monter... ?<br /> Sinon, pourquoi pas "diantre", si tes convictions...
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