Thé VI
Surprise.
Ma main droite actionne le bouton de la plaque électrique. La résistance s'allume. La bouilloire entame sa fonction matinale.
Ouvrir les volets. Tous les volets. Que de volets !
Fourmichette est passée par là : le thé infuse déjà.
Il manque la confiture. Odeur du pain qui grille dans mon dos.
Pommes pamplemousses. "Trop grave bon" cher Alain Bentolila ? "Délectable"," exquis", "sapide", cher enfant de six ans résidant de l'autre côté de la barrière de la langue ?
Un nœud coulant s'est formé au bout de la ficelle du sachet. Un vrai nœud, pas une vague boucle assassine, non, un nœud coulant, coulissant, strangulant.
J'y passe le petit doigt. Il reste prisonnier. Vais-je me mouvoir, un sachet de thé gouttelinant au doigt ?
Dans le miroir du bol encore plein se reflète la lampe du plafond. Peu éblouissante. Couleur cuivrée. Photographie : angle, lumière, espace.
Front engourdi.
Etreinte. Le sachet s'est libéré et libéré de la pesanteur, il flotte entre deux airs ( peut-on flotter ailleurs qu'entre deux eaux ?) légèrement sur ma droite.
Illusion. Il repose sur la table, défait, alourdi, achevé.
Achever, compter le nombre de lampées pour vider ce bol matinal.